Semblable à l'épouse d'Ulysse avec sa tapisserie sans cesse remise sur le métier, l'Europe détricote ce qu'elle a eu tant de mal à décider lors du dernier sommet. Une marche arrière qui déçoit les marchés.
Ceci est un mesage adressé à tous nos auditeurs et lecteurs fidèles. A ceux qui ont suivi avec sérieux et beaucoup de courage les rebondissements de la crise de l'euro et qui savent donc qu'il y a deux semaines, à la suite du sommet du 29 juin, les Européens ont enfin pris de vraies décisions. C'était la première fois depuis des mois.
Enfin, le Mécanisme européen de stabilité, une sorte de FMI européen doté d'une force de frappe de 500 milliards d'euros, allait voler au secours des banques espagnoles. Et sans doute aussi être en mesure de racheter des dettes souveraines de pays au bord de la faillite comme l'Italie. Enfin, les pays du Nord, à commencer par l'Allemagne, allait accepter de secourir massivement ceux du Sud. Enfin, l'Europe allait prouver au monde qu'elle était capable de prendre des décisions, des vraies, et non pas des mini-mesures trop souvent résumées par la formule « trop peu, trop tard » qu'on doit à la presse anglo-saxonne globalement europhobe.
Sentiment de couler
C''est du moins ce que nous pensions mais maintenant nous n'en sommes plus sûrs. Tout d'abord, il y a eu les rodomontades italiennes et espagnoles au lendemain du sommet, sur le thème « On a gagné, on a gagné ! » C'est déjà assez agaçant que les Espagnols aient encore remporté l'Euro de foot si en plus ils se mettent à proclamer leur victoire à l'issue des sommets de crise, autant dire que cette absence de collégialité va nuire aux bonnes relations entre les Européens. Ce qui n'a pas manqué d'ailleurs puisque Volker Kauder, le chef du groupe CDU/CSU au Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, a regretté cette manière de "jouer perso".
Mais il y a plus grave encore. Voilà que la Finlande et les Pays-Bas déclarent que l'accord du 29 juin, dont l'encre est à peine sèche, n'est pas contraignant et que dans tous les cas, il faudra en préciser les conditions. Même son de cloche du côté de Berlin où la chancellerie rappelle que l'Allemagne, comme la France d'ailleurs, conserve un droit de veto au sein du Mécanisme européen de stabilité. Autant dire que les Espagnols et les Italiens devront donner de sévères garanties avant de toucher leur chèque. Résultat : les marchés rechutent. Reste ce sentiment un peu diffus et permanent « de couler » comme l'écrivait cette semaine le redoutable éditorialiste Martin Wolf dans le Financial Times.
Pas de pause estivale
Nous restons sur ce thème de l'Europe qui a besoin de dirigeants qui savent prendre de vraies décisions. Avec en ligne de mire la nécessité de mettre en place au plus vite, d'ici la fin de l'année, une union bancaire qui seule serait à même de mieux contrôler l'endettement des banques au sein de la zone euro. Les marchés ont besoin d'un geste fort car il n'y aura pas pour eux de pause estivale.
C'est ce que nous explique l'eurodéputé allemand Sven Giegold.
Pêcheurs européens
Nous partons maintenant dans l'Océan Indien. L'Union européenne est accusée de piller les ressources halieutiques de la région, autour de Madagascar mais aussi à Maurice. Les pêcheurs mauriciens sont en colère contre ce qu'ils appellent un acte irresponsable de la part de leur gouvernement qui autorise des bateaux européens à pêcher dans les eaux territoriales de l'île contre quelques millions d'euros.
L'Union européenne est donc accusée de détruire la vie de ces pêcheurs alors que les écologistes craignent pour les stocks de poisson dans l'océan Indien à cause de la surpêche.
C'est un reportage de Nasseem Ackbarally, notre correspondant à l'île Maurice.