Pourquoi est-ce si difficile de programmer en Allemagne un Faust ou un Woyzeck noir ? Le danseur burkinabè Ahmed Soura incarne dans un solo les grands rôles du répertoire allemand à la lumière de sa propre culture.
Danseur chorégraphe d’une trentaine d’années, Ahmed Soura mène avec brio un solo intitulé « Hauptrolle », « Rôle principal » qu’il vient de présenter au Ballhaus Ost à Berlin. Une pièce écrite pour lui par Christoph Winkler où il décrit à la fois son parcours de danseur entre l’Afrique et l’Europe et comment il perçoit - lui l’artiste burkinabais - le monde du théâtre allemand. Un monde encore bien homogène - et bien blanc.
Il y a des rencontres qui changent le cours d’une vie. C’est ce qui s’est passé en 2010 pour Ahmed Soura. Cette année-là, il travaille avec le metteur en scène allemand Christoph Schlingensief. Christoph Schlingensief, décédé en 2011 d’un cancer, c’était une figure hors norme de la scène allemande. Un homme attaché à l’Afrique puisque c’est lui qui a lancé le projet d’un village opéra au Burkina Faso, aux alentours de la capitale Ouagadougou.
Cette collaboration avec Schlingensief pour « Via Intolleranza II » sera une sorte de tremplin pour Ahmed Soura. Il décroche ensuite des rôles à l’opéra à Berlin et remporte le troisième prix du festival du solo de Stuttgart. Et puis, c’est sur ce projet avec Christoph Schlingensief qu’il rencontre sa compagne, une Allemande.